Selenielle
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 Even et Jakob sur fond blanc

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Jakob
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MessageSujet: Even et Jakob sur fond blanc   Even et Jakob sur fond blanc Icon_minitimeVen 16 Nov - 11:46

Il marchait dans une rue sombre où tombait petit à petit l’obscurité, prélude de lumière orangée, la même dans laquelle il s’était baigné avec Even, quelques jours plus tôt. Et depuis? C’est bien simple, la vie avait suivi son cours, mais un peu différemment, à l’étonnement du dragonnier solitaire. Il avait volé avec Luzo, s’était entraîné un peu, avait taché des tonnes et des tonnes de papier de l’encre de sa plume, plus qu’à l’habitude. Un sentiment obsessif presque l’habitait alors qu’il se la remémorait, la dragonne, et qu’en mots il essayait de traduire… tout ça. Ça, qui était indicible. Et donc il écrivait. Il écrivit à en oublier le temps qui passait, jusqu’à ce que le familier goût amer de l’alcool ne lui emplisse la bouche et ne prenne possession de son corps. Lorsque cela arriva, Jakob était couché sur son lit, un pot de miel vide en main avec une grosse cuillère de bois dedans. Plus rien à manger. Il lui faudrait un nouveau pot de miel, celui-là en plus, il l’avait acheté juste après avoir offert le nid de cafards à Luzo. Cependant, alors qu’il regardait rêveusement le plafond blême, ce n’est non pas l’envie du nectar des abeilles qui vint à l’esprit de Jakob, mais bien celui de l’alcool. Automatiquement, il porta sa main à la poche de son pantalon. Rien, exception faite de ce bout de papier dont il n’arrivait pas à se défaire, le premier qu’elle lui avait inspiré. Mais enfin, pour en revenir à cette tant désirée bouteille, habituellement, c’était dans sa redingote qu’il la trouvait mais, il l’avait oubliée au mess, la dernière fois qu’il y était allé… Pourquoi ne pas y être retourné plus tôt, donc? Il avait beau se le demander, Jakob ne trouvait pas. Pourquoi pas? Parce que…
C’est donc au mess que se rendait Jakob en cette fin de journée, pour la première fois depuis trois jours consécutifs, une première, justement! Et lorsqu’il ouvrit la porte, il eut l’étrange impression d’avoir perdu sa familiarité avec l’endroit. Il alla vers le bar, évitant de croiser de quelconques regards, et prit place sur un tabouret. C’est le barman qui était de service, ce soir, et c’était tant mieux.

-Tient donc, un revenant! Alors Jak, comment ça va, mon vieux!?
-Mmbien… J’ai oublié mon manteau, la dernière fois…
-Assieds-toi, je te sers un verre et je vais te chercher ça tout de suite!

Il aurait voulut être capable de dire « non merci, je ne fais que passer » mais, il en fut incapable. Le barman servit donc un verre de l’habituelle boisson ambrée que buvait Jakob et s’en alla aussitôt, disparaissant derrière une porte qui devait mener à « l’arrière boutique ». Soumis à l’emprise qu’avait sur lui la liqueur brûlante, le dragonnier porta le verre à ses lèvres et en bu une gorgée.

-Le voilà!
-Merci…
-T’as pas l’air d’aller…
-Hmm…

Se penchant vers Jakob, sur le ton de la confidence le serveur reprit.

-Je t’ai rempli ta bouteille, gracieuseté de la maison! Et avec ce qu’il y a dedans, tu devrais en avoir pour un bon bout de temps!
-Ah…

Sans plus poser de questions, le serveur se remit au travail, se disant que Jakob devait simplement broyer du noir, comme ça lui arrivait parfois.

-Je peux m’asseoir?

Elle était belle, séduisante, ses cheveux noirs tombaient en épaisses cascades sur ses épaules dénudées et son sourire était assez explicite. Jakob bu une nouvelle gorgée et entrevit un clin d’œil de la femme au serveur. N’ayant pas attendu de réponse, la demoiselle s’était déjà assise et commandait à boire à celui qu’elle croyait son complice.

-T’es un dragonnier toi, non? Je suis certaine d’avoir déjà vu ce joli minois quelque part…

Sa main caressante déjà se faisait baladeuse.

-C’est mon premier verre. Fit Jakob en fixant sur elle un regard on ne plus sobre et sérieux.

-Oh…

-Ouais… Les filles dans ton genre attendent habituellement que j’en sois à mon cinquième, au moins.

Tentant de se reprendre et de masquer sa surprise, toujours souriante et langoureuse, elle reprit.

-Et alors? Je sais ce que je veux et, nous avons toute la soirée devant nous... Un beau dragonnier comme toi ne dois pas rester seul longtemps…

Il cala d’une traite son verre, prit son manteau et se leva, abandonnant sans mot dire la demoiselle qui, dès qu’il eut ouvert la porte, retourna s’asseoir avec ses comparses de chasse.

-Tu m’avais dit que c’était un bon coup!

La porte du mess se referma sur les éclats de rire du trio dont faisait parti la grande noiraude.
Jakob marchait d’un pas rapide dans la rue, enfilant en même temps son manteau. Jamais n’avait-il suffisamment longtemps délaissé ses habitudes de soûlon pour avoir un regard véritable sur ce qu’il était. Un bon coup. C’était humiliant. Un sympathique ivrogne. Dégradant. Il était parti sans réfléchir, sans s’excuser, sans payer, sans rien, incapable de demeurer plus longtemps là-bas. Pourquoi un tel revirement? Trop de questions, il fallait les chasser.
Il leva les yeux vers le ciel. Il serait un peu d’avance, mais mieux valait attendre au parc plutôt qu’au mess. Son verre lui avait fait du bien, il n’avait pas besoin de plus, c’était suffisant pour faire taire le Jak du bar.

-Tu portes l’élysée dans mon paysage perdu, tu portes le ciel dans mon paysage perdu, tu portes…

Quelques promeneurs se baladaient dans le parc, en concert avec quelques moutons broutant ici et là, tranquilles.

-J’voudrais être un mouton.

Jakob erra dans les lieux sans trop savoir où il s’en allait, marmonnant d’une voix basse. Il aboutit finalement près du ruisseau de Solitaire, au bord duquel il s’assit, jambes tendues devant, avant-bras appuyés sur ses cuisses, le dos légèrement courbé vers l’avant, le regard perdu sur l’eau qui s’écoulait.

-Fleur de papier… Fleur de papier versicolore… Pétales…tendus vers l’azur… Ta force, dans tes allures de…soleil d’or…Ta vérité ici dort…si pure… Even, éden dans mon paysage perdu.

Que lui trouvait-elle donc? Bonne question… Et si elle ne venait pas? Jakob regarda parterre, se mit à effleurer du bout des doigts l’herbe sur laquelle il était assis. Et si… Et si elle trouvait mieux? Un plus bon coup, tient. La pensée valait bien une petite gorgée! Rien qu’une toute petite… Le liquide ambré qui vaguait dans sa poche n’attendait que ça, être bu… Mais plutôt que de céder à ses envies, Jakob tira de sa poche son morceau de papier ainsi qu’un minuscule crayon en plomb. Il raya « élysée » et le remplaça par « éden ».

-ÉDen Dans mon Paysage Perdu.

Mieux, c’était beaucoup mieux. Et en plus ca faisait plus de sens. Il suffisait de changer une petite lettre et l’on obtenait la clé de l’énigme. Soulagé, il rangea le papier et le crayon et, l’esprit un peu moins lourd, attendit patiemment, obnubilé par l’eau claire, glissant comme une parade d’images sous son œil attentif.
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Even
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MessageSujet: Re: Even et Jakob sur fond blanc   Even et Jakob sur fond blanc Icon_minitimeSam 17 Nov - 15:49

Pas si simple de faire le ménage dans un lieu tourmenté par ce qu’on aurait pu qualifier de tornade. La tornade de cette journée qu’Even avait passé en compagnie de Jakob avait laissé l’esprit de la jeune femme dans un grand désordre, éparpillant au hasard les images des souvenirs sur le sol de la raison, renversant les étagères pleines de baisers passionnés et faisant fuir de son vent impétueux les effluves du désir sans borne éprouvé par l’amante… Elle avait rêvé l’autre nuit qu’elle retournait dans cette chambre au goût de miel, qu’elle s’allongeait une nouvelle fois sur ce lit honteusement défait et s’adonnait avec délice aux caresses du pirate. Le rêve en question l’avait réveillée tremblante et fiévreuse, totalement désorientée. Et son grand lit, qui paraissait tout vide…

Son œil unique et bleu lui manquait, son regard absent. Et ses longues mèches blanches qui effleuraient la joue d’Even tandis que… La jeune femme faillit rentrer dans un garde imposant taillé comme une armoire à glace alors qu’elle marchait d’un pas vif dans les rues de l’ancienne Jaik. Momentanément extraite de ses pensées – si délicieuses soient-elles – elle leva les yeux vers le grand homme et finit par lui sourire distraitement.


-Excuse-moi Huon. Je pensais à autre chose…
-Pas de problème, Even. Il lui adressa un clin d’œil, visiblement ravi d’avoir une occasion de lui adresser la parole. Tu sais j’ai croisé plusieurs fois ta chose blanche dans les ruelles ces derniers jours. Il semblait bien seul… Tu ne le délaisserais pas un peu ?
-Mmm… Even rassembla douloureusement ses pensées pour se concentrer sur ce qu’il lui disait. J’imagine qu’il s’est trouvé une jolie chienne racée et qu’il lui a fait une demi douzaine de petits bâtards à queue courte. Tu devrais pas t’inquiéter pour lui, c’est un grand gaillard… Justement, le voilà !

Hohepan, heureux de revoir sa maîtresse, galopait vers elle en traversant la place du marché, presque vide à cette heure-ci. Derrière lui trottait plus modérément une grande chienne au poil roux comme le couchant qui avait, il fallait l’avouer, un certain charme… Even se baissa pour gratter les oreilles de son cher compagnon et ne put s’empêcher d’éclater de rire en le voyant excité comme une puce pour lui présenter sa nouvelle compagne. Encore une… Ce Don Juan avait donc bien quelque chose en commun avec la dragonnière, ce devait être la raison pour laquelle ils s’entendaient si bien. Cette dernière se redressa, salua le garde et repris son chemin vers le parc, aussitôt suivie par le couple canin. Comme si ils avaient deviné le lieu de sa destination, ils se la dépassèrent et la précédèrent sur la route pavée de blanc, la laissant seule avec ses souvenirs délicieusement douloureux par leur distance dans le temps.

Il était presque l’heure… Derrière la jolie courbe arrondie de la planète, le soleil se couchait lentement, avec sa paresse habituelle, et éclairait la ville volante d’une lumière chaude et dorée, presque orange maintenant. Un éclat de rire filtrant à travers une porte ouverte, Even tourna la tête et s’aperçu qu’elle passait inconsciemment devant le mess. Jakob y était-il à ce moment là, noyant sa sobriété dans les bras d’une garce de bas étage ? La dragonnière n’était pas sûre de vouloir connaître la réponse… Surtout qu’il en était bien capable. Son nom, d’ailleurs, retentit brusquement, prononcé par une voix aigue et féminine. Trop tard, déjà la porte s’était refermée sur la fête naissante du pub, coupant court à l’espionnage d’Even. La mort dans l’âme, elle se résigna à poursuivre son chemin vers le lieu du rendez vous, plus très sûre de ce qu’elle allait y trouver.

Il était là. Juste assis près de la berge… Contre toute attente, il était venu, et ne se trouvait pas au mess. Even le voyait de dos, en train de griffonner sur son éternel bout de papier chiffonné. Furtive, elle s’approcha sans le quitter des yeux une seconde, et s’arrêta à quelque mètres derrière lui. Ses cheveux nacrés s’étaient écartés à cause de l’inclinaison de sa tête, laissant apercevoir sa nuque alors qu’il travaillait avec une apparente concentration. Il ne l’avait pas encore vue… Tant mieux, elle ne voulait pas le déranger. Lorsqu’il rangea ses effets, cependant, elle ne trouva plus d’excuse pour rester ainsi en retrait et finit par combler la distance qui les séparait. Sa main effleura cette nuque dénudée qui avait attiré son regard affamé quelques instants auparavant et caressa la peau si douce dont il ne lui restait que des souvenir flous. Ce contact réveilla encore une fois en Even une série d’images qui se mirent à flotter dans le brouillard qu’elle tentait de repousser depuis que la silhouette du jeune homme était apparue dans son champ de vision.

Plutôt que d’y succomber, la jeune femme s’empara de la main de Jakob et le releva afin qu’il se tienne à sa hauteur. Son œil, enfin… Elle pouvait s’y replonger après toute cette attente, se laisser aller à l’imagination la plus débordante qui soit. Sa main n’avait pas quitté la sienne, et elle s’y cramponnait maintenant comme si sa présence en dépendait, comme si il allait disparaître furtivement dès l’instant où elle la lâcherait. Le savoir si près d’elle était source d’intense satisfaction chez Even, qui tenta un petit sourire discret sans oser étaler sa joie d’avantage. Ses doigts s’entremêlèrent aux siens, histoire de lui laisser moins de chance de lui échapper. En fait, il était très difficile d’échapper à une dragonne lorsqu’elle avait choisi son repas, presque impossible même…


-Bonsoir Jakob. Tu attendais quelqu’un ? J’espère que je ne te dérange pas…

Pour démentir l’apparent sérieux de ses paroles, Even se rapprocha un peu plus de lui et vint poser ses lèvres à la base de son cou, avide de sentir encore une fois cette odeur qui l’avait hanté pendant trois jours. Elle aurait voulu beaucoup plus que cela, mais se contentait du strict minimum, un petit bout simplement. Il n’avait pas changé. Rien n’avait changé… C’était le même, celui à qui elle avait donné rendez vous. Rassurée ?
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MessageSujet: Re: Even et Jakob sur fond blanc   Even et Jakob sur fond blanc Icon_minitimeMer 21 Nov - 12:34

[j'ai bien aimé la chose blanche et d'ailleurs, je me demandais de laquelle tu parlais la première fois que je l'ai lue. Haha je sais pas si c'était voulu mais j'ai trouvé ça excellent. 08]

Un sourire, petit. Petit non pas par retenue, mais bien parce qu’il n’était que le début de quelque chose. Un truc grand, dans le genre brillant et même, brûlant. Une étoile filante, furtive, mais qui dans sa course folle vers l’infini, s’était arrêtée, juste là tout près, ici même, sur les lèvres de Jakob. Un sourire, tout petit soit-il, mais qui rendait bien le plus léger et pourtant pesant des sentiments, un rayon de je-ne-sais-quoi plus grand que nature.
Le soleil se couchait sur Selenielle et sa fille la solitaire, et pourtant, dans le parc, il y avait plus de lumière encore que sur le plus ensoleillé des matins. Un nouvel astre entamait son ascension sous la forme d’un infime sourire. C’est cette main, là sur sa nuque, légère, qui avait chassé la nuit noire qui couvrait le paysage de Jakob. Le goût de l’alcool, aussi prononcé soit-il, avait disparut, effacé par la traînée de poussière d’argent que laissait derrière elle l’étoile chérie du pirate perdu. Avec une telle étoile, impossible de perdre le Nord, car la bonne direction était partout autour, peu importe le chemin, là où serait cette étoile, le soleil brillerait toujours aussi fort. Que ce moment dure toujours, il contenterait toute une vie d’incertitudes et d’atterrissages violents, une vie de Jakob.

Se laissant guider comme dans une danse, le dragonnier se leva, repliant ses jambes, prenant appui sur ses deux pieds et, se hissant vers les étoiles, léger comme Peter Pan. Plutôt Peter, oui, enfin peut-être… Entre les garçons perdus et le rouquin, j’avoue que le dilemme m’embête. Plutôt Jakob, alors.
Incapable d’effacer ce sourire, non pas qu’il le souhaitait, au contraire, Jakob se laissait porter par lui avec aisance et confort. Il lui prenait sa raison, son corps même, et tous les tracas et soucis qu’ils traînaient comme des boulets.

Lui tenant la main, il la regarda sans rien dire, mais avec toujours ce discret sourire, miroir de l’autre. Deux sourires qui se connaissaient, qui apprenaient à se reconnaître dans l’autre. Avec Even là tout près, il semblait à Jakob qu’il aurait difficilement put se trouver mieux. C’est en quelques sortes le gamin qui se perdait dans le ciel à dos de dragon jadis qui, plutôt de se taire et de laisser le pirate déchu parler, refaisait surface.

Il leva les yeux vers le ciel, l’air songeur, alors que son regard glissait du dôme aux moutons qui broutaient plus loin, à l’horizon derrière, au visage d’Even.

-Hmm…

Et il s’interrompit, les mots se perdant dans trois petits points improvisant une suspension indéfinie. Les paupières closes, c’est de plaisir que Jakob sourit en sentant la bouche d’Even doucement se poser sur sa nuque. Laissant libre cours à son désir, il abaissa la tête, sa bouche cherchant à son tour à caresser d’un baiser la peau de la dragonnière. Il l’embrassa près de l’oreille, sa main libre se glissa sur sa taille et ses doigts s’y pressèrent, la rapprochant de lui. Ses lèvres, sans se gêner, prises d’un élan, exploraient la nuque d’Even avec appétence.
Soudainement, le festin entamé s’interrompit, coupé par un nouveau sourire, caché sous la chevelure de la jeune femme. Jakob redressa sa tête, exposant le rictus qui s’était niché au coin de sa bouche. Il desserra son étreinte et son regard se porta derrière Even, là où trois bêtes aux épais manteaux de laine broutaient l’herbe sans se soucier d’autre chose que de ce qu’elles avaient sous le museau.

-Je me disais que… Que j’aimerais bien être un mouton, avant que tu arrives.

Son œil revint vers Even, rieur.

-Vraiment ces bêtes-là, elles ont la belle vie! C’est vrai, je suis allé au mess, tout à l’heure, chercher mon manteau… Et je te jure, les gens sont franchement… insignifiants, des fois. Je ne considère pas que je fais exception à la règle, mais…

Il soupira, baissant la tête un moment puis, quelque peu incertain, retrouva les yeux d’Even et s’efforça de grimacer un sourire. Il tenta d’éviter le sujet, parlant sans vraiment se concentrer sur ce qu’il disait et terminant en un murmure, ne songeant point aux réponses qui suivraient, ailleurs, occupé à chasser des doutes.

-Tu avais des plans précis? Tu as faim, peut-être?

Les rires des trois vipères lui revenaient en tête, mais il s’efforça d’oublier et de se concentrer sur le moment présent. La tâche était cependant ardue et pas exempte de ratées. Jakob détourna la tête et fixa le ruisseau, tentant d’échapper un moment au regard d’Even pour éviter qu’elle ne décèle quelques mauvais souvenirs dans son œil où il devenait parfois trop aisé de lire. Mais les incertitudes prenaient le dessus, comme glissant sur le ruisseau et s’arrêtant juste là face à Jakob. Si seulement elles pouvaient tout simplement continuer son chemin et passer inaperçues… Mais non et, n’en pouvant plus de s’efforcer à les faire taire, Jakob, émergeant d’un coup de ses pensées sans savoir si Even lui parlait, tourna vivement la tête vers elle.

-Even tu sais, je ne suis pas grand-chose. Enfin, ce que je veux dire c’est que, je suis pas… Je suis pas… Je suis pas… La tête inclinée vers l’avant, il se mordit la lèvre, puis regarda Even encore une fois. J’ai écris un truc. Enfin, des trucs… Plusieurs, beaucoup même… Ce que je voulais dire c’est que, en dehors de ce que j’écris, je ne suis pas grand-chose, autre que le…Jakob du bar. Mais quand je suis avec toi je l’oublie, lui, et… Il esquissa un sourire, un vrai cette fois. Je m’emmêle, excuse-moi, j’ai du mal… Tu veux pas m’embrasser, que j’évite de dire n’importe quoi?
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MessageSujet: Re: Even et Jakob sur fond blanc   Even et Jakob sur fond blanc Icon_minitimeSam 24 Nov - 15:25

[C'était pas voulu, non ^^ Mais c'est vrai que finalement c'est pas mal. Désolé, un peu court cette fois, je ferais mieux à la prochaine x)]

Le fait de se tenir contre le corps droit et rassurant de Jakob avait sur Even un effet d’apaisement total. Elle se sentait revivre dans ses bras, tandis qu’il s’adonnait à son tour au plaisir de la redécouverte d’un corps perdu qu’on avait eu peur d’oublier. Le contact des lèvres du dragonnier dans son cou arrachait des frissons ravis à la jeune femme, qui logea bien vite un bras dans son dos pour le coller contre elle. Tout ce qu’elle souhaitait, c’était le sentir vivre à travers les battements de son cœur qui, en accord avec le sien, battait à un rythme qu’on aurait pu qualifier d’entraînant. Jakob finit par se redresser, un curieux sourire accroché aux lèvres. Mais de quoi parlait-il donc ? Qu’est ce que les moutons avaient à faire là dedans ? L’explication fut vite donnée à la jeune femme déçue, qui finit par sourire. Il y avait cependant dans ses paroles un tintement discordant, quelque chose qui sonnait faux dans l’euphorie de la scène. Attentive, Even fixa le visage du dragonnier sans parvenir à mettre le doigt dessus, puis revint se blottir contre sa poitrine.


-Le mess… Tu voudrais qu’on y retourne ? On pourrait régler ça assez rapidement.

Cette chose qui n’allait pas la perturbait. Bien qu’il essayât de le cacher, Jakob avait quelque chose sur le cœur qui semblait le rendre… triste ? Pensif, du moins. Il n’avait même pas entendu ses paroles et lui demanda si elle avait prévu des choses… En vérité, à part être avec lui, rien. La jeune femme, hantée par sa rencontre prochaine avec l’objet de son désir, n’avait pas réfléchit à ce qu’ils feraient une fois ensemble. Le parc était tranquille, si on oubliait les moutons, mais le mess aurait aussi pu être une destination acceptable, pour peu qu’ils ne s’enivrent pas autant que la dernière fois. Even tenait à ses sensations…


-Non, je… A vrai dire, j’ai déjà mangé. Je me disais que peut être… Comme tu veux.


Légèrement inquiète, la dragonnière chercha le regard de son compagnon mais il venait de le détourner, sans doute pour tenter de lui cacher ses pensées. Elle commençait à le connaître… Et lorsqu’il tenta de lui expliquer ce qui le tracassait, ses doutes furent confirmé : cette chose qui clochait, c’était de la sous-estimation personnelle. N’était-il pas en train de penser qu’il ne méritait pas une femme comme Even ? C’est du moins ce qui ressortait de ses paroles, ce que comprit la jeune femme, et c’était franchement ridicule comme idée. Il lui plaisait… Devait-elle se justifier pour le rassurer ? N’avait-il pas trouvé la réponse à ses craintes dans toutes la tendresse qu’elle lui prodiguait ? A moins que… Cela sonnait plutôt comme une mise en garde, à y réfléchir. Comme si il avait peur qu’elle soit déçue de sa véritable nature. Soudain plus sérieuse, Even avait planté son regard dans celui de Jakob et tentait d’y lire ses préoccupations. Incapable cependant de lui refuser ce qu’il lui avait demandé, elle s’empara de ses lèvres avec douceur en se serrant contre lui, pour l’empêcher de fuir comme l’autre fois. Il avait un goût d’alcool… Elle fit durer l’instant le plus possible, redevenant la dragonne avide de sensations fortes, avant de se reculer une nouvelle fois afin de contempler son visage dans son ensemble. Sa main vint se poser sur cette joue si pâle malgré la lumière chaude du parc, et la caressa doucement.


-Il y a le Jakob du bar, un marginal terriblement attirant. Il y a le Jakob de l’aventure, celui de la plume, et puis le Jakob de ton lit… Il y a aussi le Jakob de l’inconnu, celui qui me reste encore à découvrir. J’en oublie peut être, et pourtant ils me plaisent tous autant.
Sa bouche s’étira en un sourire peu confiant, tandis que ses yeux ne quittaient pas ceux de son interlocuteur, ajoutant à la sincérité de ses paroles. Il est possible que je ne te connaisse pas encore autant que je l’espère, mais ce que je sais de toi me suffit déjà… Je ne… Tu n’es pas seulement un poète ivrogne, Jakob…

Ne trouvant plus les mots pour continuer, Even soutint son regard encore quelques instants, puis elle baissa les yeux. Ses mains, qui avaient glissé sur les hanches du jeune homme, se crispèrent progressivement et agrippèrent ses vêtements. Encore une fois, elle avait peur qu’il s’enfuie, pour s’occuper de son dragon, ou bien de peur cette fois ci. Tout ce qu’elle avait dit, elle le pensait mais n’en avait pas encore vraiment prit conscience. Il était si beau, sous la verrière éclatante… Les rayons qui se reflétaient sur les eaux du ruisseau créaient sur leurs corps enlacés des lumières ondoyantes qui aveuglaient les yeux de la jeune femme quand elle tentait de les attraper du regard. Il y avait tellement de choses qu’elle aurait voulu ajouter… Mais les mots ne sortaient plus, ils étaient bloqués dans sa gorge par une émotion très forte et refusaient de parvenir à ses lèvres. Avec un soupir, elle se résigna à rester silencieuse et releva enfin la tête vers celle de Jakob. Elle désirait y lire une quelconque réaction, quelque chose pour la rassurer à son tour. Ses paroles avaient-elles atteint leur destinataire ? Peut être qu’ensuite, il comprendrait que sa personne n’était pas aussi misérable qui semblait le penser, et qu’Even était sincère.
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MessageSujet: Re: Even et Jakob sur fond blanc   Even et Jakob sur fond blanc Icon_minitimeMar 11 Déc - 23:02

[tu peux le dire... ENFIN! x) Désolé hein, mais je suis là pour resté héhé! J'espère que ce sera pas trop pire, comme comeback numéro 2. Pika pika!]

Était-il possible de trouver réconfort plus grand encore? Jakob ne voulait pas savoir, pour lui, sentir Even l’attirer contre lui, l’embrasser ainsi, était déjà domaine de l’impossible, mais un impossible absolument parfait et pourtant… accessible. C’était comme se perdre dans un paysage, mais un paysage qu’il revisitait, et qu’il découvrait en apprenant à le connaître peu à peu. Even la dragonne, la gourmande et brûlante, était capable d’une douceur que le jeune homme n’avait jamais connue, du moins pas depuis des lunes, pas depuis qu’il avait été enfant, et puis de toute façon, la chaleur d’Even en était une fort plus agréable que celle qu’avait put un jour lui prodiguer sa mère. Puis ce n’était pas seulement ses lèvres, qu’elle baisait de sa tendresse, mais bien son être tout entier, c’était Jakob, Jakobo, peu importe, c’était lui.
Sans lutter contre la vague Even qui le prenait, ni en s’efforçant de la garder auprès de lui, il rendit cependant le baiser. Il ne fuirait pas, se situant encore dans une position plus ou moins claire et sûre, Jakob se trouvait comme un roseau balancé par le vent, vers le Nord, vers le Sud… Mais qui ne savait plus où se trouver par rapport à tout ce qui l’entourait.

Elle le caressa sur la joue, il baissa les yeux. Les lèvres encore imprégnées du parfum d’Even. Et puis son regard retourna vers elle lorsqu’elle prit la parole. Tous ces Jakob, il les reconnaissait bel et bien en lui et, au fur et à mesure que la dragonnière les énumérait, Jakob se sentait de plus en plus ancré dans le moment présent, en lui-même, en quelques sortes, et c’était comme si un portrait de sa personne se dressait, se dessinait dans le désordre qu’il entretenait, celui de sa chambre qui en fait était à l’image de celui qui se trouvait dans la tête de l’artiste. Jakob sentait qu’en ce moment, s’il venait à se retrouver devant une glace, il n’éprouverait pas cet étrange et inconfortable malaise qu’il éprouvait habituellement, comme un vertige devant lui-même, une impression de ne pas appartenir au bon corps… Quelque chose d’inexplicable mais de vrai, de vivant, comme un long et englobant frisson.

Ses sourcils se haussèrent légèrement en découvrant la suite des mots d’Even, pour ensuite se rabaisser, se froncer presque, sous le flot de pensées qui vinrent à son esprit on ne plus chamboulé, se livrant à une remise en question avec lui-même, une argumentation et contre-argumentation qui venaient de la même bouche.
Pas seulement un poète ivrogne… Pas seulement un bon coup… Un sympathique alcoolique… Un pauvre type qui paye des verres à qui le veut bien… Un… Non, arrête! Even, là devant lui, qui avait baissé les yeux, qui s’accrochait à lui, n’était-elle pas la réponse, le verdict? S’il se laissait retomber dans son inconscience, il l’entraînerait avec lui. Jakob n’avait jamais ressentit l’attachement, comme ça, littéral. Si tu tombes, je tomberai avec toi. C’est ce qu’il aurait voulut lui dire, mais lui, il ne pouvait pas se permettre de tomber, non… pour elle.
Il la regarda lorsqu’elle reporta ses yeux sur lui. Sans parler, il la fixa, ses mains sagement posées sur sa taille, qui n’insistaient pas. Le regard de Jakob était sérieux, neutre presque puis, lentement, il cessa de réfléchir pour plutôt…contempler, ne pouvant en vérité s’en empêcher, comme si une vision nouvelle lui était venue. Even, dans la lumière, plus belle que le jour et pourtant… sombre. Elle rayonnait malgré tout, malgré le sérieux qui assombrissait parfois son regard. En fait non, l’ombre était toujours là, seulement c’est eux, tous, qui ne la voyait pas. Pour la rassurer peut-être, ou tout simplement parce qu’il sentait qu’il le fallait, Jakob resserra son étreinte autour du corps de la jeune femme et appuya doucement sa joue sur sa tête.

-Merci… murmura-t-il en fermant les yeux.

Pour la première fois depuis le détachement de Jaik, depuis la et les grandes séparations, Jakob sentait qu’il avait sa place quelque part. Un sentiment d’appartenance qu’il n’avait jamais vraiment compris prenait son sens maintenant. Sur cette île flottante, il y avait Even, et il y avait lui, et ensemble, ils avaient une raison d’être, par seulement un rôle et une utilité. « J’existe », leur disait le regard de l’autre, ou du moins cherchait à dire. Peut-être la peur de perdre des proches avait-elle paralysé de nombreux Eneliens, sans doute en fait, comme Even, et comme Jakob.
Il rouvrit l’œil, parcourut du regard le dôme enluminé, parcelle de nature, de planète, qui lui rappelait une vie abandonnée dans une guerre. Il s’écarta un peu, sans relâcher pour autant son étreinte, mais plutôt pour pouvoir la regarder dans les yeux. Il hésita un peu avant de reprendre, mais ne la quitta pas des yeux, résolu à savoir, et surtout à mieux la connaître. Entre la Even que les Eneliens regardaient avec admiration et celle qui s’accrochait à lui de peur qu’il ne disparaisse, il demeurait un vide, un pont plongé dans l’obscurité pour faire le lien entre les deux côtés.

-Even, il te reste… des gens? Je veux dire de la famille, des proches, depuis Jaik? Je ne voudrais pas que tu te remémores des souvenirs que tu préfères éviter... enfin je suppose que si c’est le cas, c’est sans doute déjà raté mais… Enfin je… je me demandais parce que…

Des flashs d’Even, une panoplie. Avant le mess, il l’avait déjà remarquée, comme tout le monde en fait, et il avait même plus d’une fois détourné le regard en la voyant arriver. Sa bonne humeur, son rayonnant sourire, son chien que tout le monde aimait, son rire même… il y avait quelque chose, toujours, qui le titillait, comme une fausse note dans une magnifique symphonie. Ding. Là, juste là, un détail qu’on arrive à peine à distinguer, mais qui gâche tout pour quiconque se montre assez pointilleux, assez attentif… Et Jakob est de ce genre qui porte attention aux petites choses qu’on laisse trop souvent dans l’oubli, ou alors que l’on décide d’oublier. Ensuite il choisit de les ignorer, après les avoir d’abord constater, ou alors il s’y attarde. Observer Even l’avait par moments franchement frustré. Elle jouait faux, et pourtant si bien… Et la chose était d’autant plus frustrante pour l’effet qu’elle provoquait en lui. Pourquoi est-ce que ça me dérange tant!?! S’était-il à maintes reprises demandé. Maintenant, il savait.

-Parce que je n’y crois pas, à la joie de vivre que tu feins respirer et répandre autour de toi!

C’était sorti sans avertir, comme une flèche, et il en parut surpris, pris à l’improviste par lui-même. Il se reprit aussitôt.

-Je voulais pas le dire comme ça… En fait ce que je veux dire c’est que… C’est que je me demandais parce que… et bien les cicatrices cachent toujours des blessures et puis, ton sourire, ton regard… ta beauté parfois triste, inquiète, seule… je ne sais trop… et bien elle cache sans doute une blessure, aussi… Ene est une ville de solitudes et de sourires brisés, mais le tien… Moi c’est le tient que… que je… que… C’est le tien qui… m’intéresse et, le camoufler comme tu le fais, avec tant d’ardeur et d’énergie… Je me dis que… et bien je voudrais savoir, comprendre…

Il termina d'une voix basse, presque un chuchotement, presque un questionnement. Avait-il été trop loin? Se sentirait-elle brusquée? Il ne le souhaitait tellement pas... Inquiet, il garda ses mains fermement accrochées à elle, à son tour, Jakob craignait qu'elle ne s'échappe, qu'elle ne lui glisse entre les mains et ne l'abandonne dans l'ignorance.
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