Antu-Di N°1 (CE = Even)

[Posts courts pour le moment, réservez vos ardeurs pour l'aventure ^^]

Après un peu moins d'une semaine d'intense préparation, de lecture de cartes et de nuits blanches à tracer des trajectoires à la lueur de la bougie, une Even aux yeux rouges de fatigue débarqua sur la piste. Elle étouffa un long bâillement et secoua sa tête pour tenter de se réveiller complètement. Il était vraiment tôt... Le soleil n'était même pas encore complètement levé. On ne voyait qu'un demi disque qui dépassait de la lointaine ligne d'horizon.

Malgré cette heure où tout le monde préfèrerait se trouver bien au chaud dans son lit, l'endroit fourmillait d'activité. C'était le jour du départ ! Un autre suivrait dans les jours à venir, ce serait celui du raid de l'amie de la jeune femme, une certaine Goade. Even avait à peine eu le temps de lui dire au revoir la veille, pressée d'aller se coucher pour récupérer le plus de forces possible. On n'était jamais sûr de revenir d'un raid...

Hohepan, l'air triste, suivait sa maîtresse en baissant la tête. Lui non plus n'aimait pas la voir partir... Et lui refaisait à chaque fois la scène des adieux larmoyants ! Even détestait ça, même si elle adorait son chien. Pour elle, partir en raid était la récompense d'un long mois de préparation, l'aboutissement de nombreuses heures d'entraînement et de travail ! En plus de cela, c'était la perspective de belles aventures et d'apports importants d'adrénaline. Tout ce qu'elle aimait...

Dès que son supérieur Decan l'aperçu, il se dirigea vers elle à grand pas, l'air très nerveux. Il tenait à la main une grande carte et quelques feuilles de papier.

-Even, enfin ! Il est six heures moins le quart, tu es en retard. On avait dit cinq heures et demi !
-C'est bon, c'est bon... La jeune femme étouffa un autre bâillement. On fait ce qu'on peut, hein.
-Le départ est maintenu à six heures, tu as très peu de temps. Deux de tes gars sont déjà là- il désigna deux lointaines silhouettes à l'autre bout de la piste - et j'espère que le troisième arrivera bientôt. Je t'ai préparé quelques affaires supplémentaires avec de l'eau, du pain, des affaires de secours... Il lui tendit un gros sac qu'elle saisit à contrecoeur. Tu n'en emporte jamais assez !
-Ca ira, merci Decan... Tu as la liste signée ?
-Oui oui ! Il déplia un morceau de papier et le lu à voix haute. "Raid sur Antu-Di blablabla commandante, Evenella Apezs ; dragon premier, Nox blablabla..." Ha, voilà ! "Membre du groupe : Davis Hat'Away avec Hithlum, Jakob Azriel avec Luzo et Alandy Darak avec Athön" le tout lu, approuvé et signé par les dix-neuf membres du conseil.
-Merci beaucoup ! Je n'ai pas eu le temps de le faire faire cette semaine...
-Que ferais-tu sans moi ? Soudain grave, il chercha le regard de la jeune femme, mais elle baissa les yeux en souriant.
-Je suppose que je laverais des sols dans une quelconque boutique sordide du quartier des Fers... Tu aimes entendre ça, pas vrai ?
-Je suis sérieux ! Fais bien attention à toi, je...
-Il faut vraiment que j'y aille là, il doit déjà être moins dix !

Decan soupira et renonça comme d'habitude à parler sérieusement avec la dragonnière. Cette dernière lui adressa un grand sourire radieux et s'éclipsa rapidement après un dernier au revoir. Elle était vraiment en retard... D'ici, elle n'arrivait pas à discerner correctement les deux dragonniers qui l'attendaient déjà, et ne pouvait donc pas savoir lequel il manquait. Bah, un autre retardataire, comme elle...

[Les deux premiers qui répondent sont ceux qui sont déjà là ^^ Le troisième sera celui qui est en retard MUAHAHAHA ! Si vous avez des questions concernant le contexte, posez-les dans le blabla pour que tout le monde en profite. Nos dragons ne sont pas encore sur la piste, les palefreniers s'occupent d'eux dans les stalles et les emmèneront juste avant le départ]

Telle une mer agitée, les couvertures du lit se soulevaient puissamment au rythme d’une tempête terrible provoquée par l’ouragan Jakob. Sous les vagues se trouvait l’ainsi prénommé et, de son œil valide et de ses deux mains –heureusement- valides elles aussi, il fouillait le matelas, défaisait les draps, l’oreiller, tout! C’est avec frénésie qu’il cherchait ce qu’il avait dut égarer pendant la nuit : son cache œil. Sans lui, pas question de sortir d’ici. La question ne se posait même pas. C’était devenu quelque chose de naturel, presque. Non en fait, l’idéal aurait été qu’il le soit naturel, mais esthétiquement… enfin, passons.
La veille, c’est étendu sous les couvertures, journal et plume en main qu’il s’était endormi et, bien évidemment, cache sur l’œil. Habituellement, il prenait le temps de poser la chose sur sa table de nuit et ensuite se laissait aller au rêve. Il avait buté sur un vers, un blocage total et finalement, en avait littéralement épuisé ses neurones.
Bonne nuit, Jakob…

-AAAARG MAIS OÙ EST-CE QU’IL EST!?!?!????

S’il n’avait pas été si pressé par le temps, s’il n’avait pas eu 22 ans et une certaine fierté, du moins un « semblant de », il en aurait pleuré.

Soudainement, l’ouragan se leva de toute sa hauteur et jeta rageusement par-dessus bord l’amas de couvertures qu’il avait assemblé sur sa tête. Elles s’échouèrent en masse sur le sol près de la porte et, de par leur absence, exposèrent leur tortionnaire à la pleine lumière du jour qui se propageait ouvertement dans la chambre. Torse nu, sa peau paraissait d’autant plus pâle à la clarté. L’envie de détruire quelque chose le titillait. Ses poings serrés et sa mâchoire crispée trahissaient fidèlement ce sauvage désir, mais plutôt que de céder au monstre colérique qui sommeillait en lui, Jak bondit hors du lit, atterrissant sur ses deux pieds. Son regard alla vers l’une des hautes fenêtres. Selenielle, sa destination du jour… Et lui, son reflet. Jakob détourna vivement la tête. La vue de son œil meurtri avait toujours fait naître en lui ce bizarre et désagréable sentiment de distance avec lui-même, comme s’il ne s’était jamais reconnu dans ses yeux dissemblables.
Il soupira, un brin calmé, et s’empara d’un pantalon qui traînait parterre. Il l’enfila vite fait et en fit de même d’une chemise posée sur le dossier d’une chaise. Il glissa ses pieds dans ses bottes et, avant de mettre son manteau sur ses épaules, jeta un coup d’œil aux alentours.
…
Là. À grandes enjambées il se dirigea vers le lit, s’accroupit une fois près et allongea son bras sous la base de bois. Il sortit du dessous de son lit ce qu’il avait cherché avec tant d’ardeur, le secoua pour le dépoussiérer et l’enfila automatiquement. Il était fin prêt. Manteau sur les épaules, il sortit en refermant vivement derrière lui.

Six heures dans dix minutes. Ils étaient déjà tous arrivés. Mains dans les poches, Jak rejoignit le groupe de dragonniers sans mot dire, l’air sérieux, mais aucune trace de culpabilité dans le regard, si ce n’est d’une ombre. Il n’avait aucune excuse valable et de toute façon, il était tout à fait conscient d’être l’unique responsable de son retard. Il s’arrêta en demeurant un peu à l’écart.
Un coup d’œil sur ses coéquipiers du jour, s’étirant vaguement sur Even, pour finalement se perdre en direction de Selenielle. Comme il ferait bon de voler ce matin… Déjà le cœur de Jakob commençait à s’échauffer dans la perspective de la dose d’adrénaline à venir.

[court, c'est dur. -__-']

Even courrait presque lorsqu’elle arriva près des deux dragonniers déjà présents. Avec un sourire, elle les salua chaleureusement en reconnaissant Alandy et Davis. Tous deux semblaient plus ou moins nerveux… En vérité, les frissons qui parcouraient le corps de la jeune femme étaient dus à son excitation et tout dans son attitude trahissait son impatience de voler.

-Vous êtes là, c’est bien, très bien ! Il ne manque que Sieur Jakob.

A ces mots, la silhouette nonchalante de ce dernier apparu au bout de la piste et les rejoint d’un pas vif. Très heureuse qu’il ne soit pas plus en retard que ça, Even le gratifia d’un clin d’œil enjoué tout en continuant de sourire en observant le bâtiment des stalles, un peu plus loin.

-Jakob, enfin ! Nous sommes au complet ; les dragons ne devraient plus tarder à arriver, j’ai dit aux gars de se dépêcher l’autre soir. J’espère que chacun d’entre vous n’a rien oublié d’indispensable, parce qu’on a plus le temps d’aller chercher quoi que ce soit. Avec impatience, elle tapota le sol poussiéreux de son pied chaussé d’une longue botte de cuir. Ah, les voilà !

En effet, quatre hautes silhouettes colorées sortaient en file indienne de la galerie des stalles, chacune tirée par une petite silhouette humaine. En tête, Nox, le long dragon vert sombre aux yeux pénétrants. Aux pieds de la jeune femme, Hoe aboya plusieurs fois pour saluer son grand ami, qui lui répondit en produisant un petit son métallique. Ces deux là étaient copains comme cochons… Excitée comme une puce, Even bondit en avant et couru à la rencontre de l’étrange procession. L’adolescente qui tenait fermement les rênes de son dragon ne lui était pas inconnue : elle s’appelait Drande et c’était un sacré petit bout de femme ! En levant fièrement le menton, elle défia silencieusement Even de lui prendre les rênes des mains avant qu’ils n’aient atteint l’espace règlementaire, et cette dernière ne fit rien pour la contrarier. Au contraire, elle lui adressa l’un de ses nombreux sourires spéciaux et se mit à marcher à coté d’elle en direction des trois gaillards qu’elle venait à peine de quitter.

-Tout va bien Drande ? Rien à signaler ?
-Si ! Quand je suis arrivée ce matin il n’y avait plus d’alcool dans le seau de la stalle de Nox ! C’était Opins qui devait s’en occuper hier soir, mais il ne l’a pas fait ! Furieuse, la jeune fille avait froncé les sourcils et agitait avec désordre les lanières de cuir qu’elle tenait à la main. C’est vraiment inadmissible ! Il faudrait que tu…
-Je règlerais ça à mon retour, rassure toi. Even échangea avec la palefrenière un regard éloquent, à la fois sérieux et plein d’humour. Toutes deux savaient très bien ce qui allait arriver au jeune homme…

Ils arrivèrent au milieu de la piste, où les attendaient Alandy, Davis et Jakob. Rayonnante, Even s’empara enfin des rênes de Nox et grimpa sur la selle de cuir pourpre après avoir fait un dernier câlin à son chien blanc.

-En selle, messieurs ! Nous sommes juste à l’heure.

Fièrement assise à califourchon sur le dos de sa monture, Even adressa à ce dernier un large sourire alors qu’il avait tourné sa tête vers elle en pliant son long cou. Il avait l’air en forme… De part et d’autre de sa selle étaient accrochés de lourds sacs de toile contenant diverses affaires indispensables à l’expédition. La jeune femme y ajouta le gros sac que venait de lui donner Decan, puis elle leva la tête et s’aperçu de la présence de bon nombres d’Eneliens. Ils étaient massés sur toute la bordure de la piste et leur adressaient de larges signes d’encouragement, auxquels la dragonnière répondit en levant la main gauche. Cela lui faisait plaisir de voir qu’ils étaient autant soutenus par les habitants de la ville… Mais d’un autre coté, c’était pour eux qu’ils allaient risquer leur vie.

Plus proches, les palefreniers et autres membres de l’organisation s’écartèrent prudemment alors que tous les dragonniers étaient montés sur leur dragon. Even leur adressa un signe de la main pour les saluer et siffla longuement pour dire au revoir à Hoe.

Assis un peu plus loin, le chien blanc regardait la scène de ses yeux tristes. Il détestait lorsque sa maîtresse partait en raid, mais ne pouvait rien faire pour l’en empêcher. Sans bouger, il observa les dragons qui s’envolaient les uns après les autres en se disant qu’ils reviendraient vite, comme d’habitude.

[Voilà, je vous laisse répondre et puis on ira à la jungle. On va oublier les tours de Davis qui s'absente jusqu'à dimanche, elle m'a dit par mp que ça ne la dérangeait pas du moment qu'on ne faisait pas faire n'importe quoi à son personnage =P]

EDIT : Bon ben Jakob on est que tous les deux finalement x) Répond vite et on va commencer sans les autres à la jungle : Alandy nous quitte aussi jusqu'au 6... Mais bon, je vais pas m'en plaindre, hein ?

Rien d’indispensable? Presque. Jakob ne possède que peu de choses d’indispensables. Luzo aurait sur lui tout ce qui était indispensable à l’expédition mais, indispensable à Jakob… Et bien l’on peut dire que Luzo était lui-même quelque chose d’indispensable… Enfin, les voilà qui arrivaient, les indispensables dragons. Le dragon de la commandante en tête, accompagné de l’asticot au poil blanc, et les autres suivaient non loin derrière. Les autres incluant un certain Luzombre, tenu par un grand et mince bonhomme à chapeau, Ulwarth de son prénom.

Jak laissa le palefrenier venir à lui en observant Luzo. Celui-ci paraissait plus que content de sortir des stalles et de partir ce matin. La présence des Eneliens tout autour ajoutait à son excitation. Luzo s’agitait, passant la tête d’un côté à l’autre, claquant sa mâchoire en poussant de drôle de sons gutturaux, c’était sa façon de dire « bonjour » à tous ses fans… Les enfants, particulièrement, avaient tendance à apprécier le sympathique dragon, sorte de chien géant à écailles. Jakob voyait Ulwarth agiter les lèvres, ses sourcils légèrement froncés. Luzo l’observait alors, la tête sur le côté et une fois même il s’assit. Le rouge aux joues, le palefrenier l’incita avec force à se relever, sous les rires des matinaux habitants.
Le dragonnier choisit ce moment pour rejoindre sa monture. Ses grands pas allongés et son air sombre contrastait avec les pas précipités de Luzo et l’engouement qu’il éprouva en voyant venir vers lui son compagnon de toujours. Ulwarth passa les rênes à Jakob.

-Merci… marmonna ce dernier, posant sa main sur le dessus de tête que lui présentait le dragon.

Alors qu’il allait se positionner sur le côté gauche de Luzo, l’autre le suivit. Jak s’en montra légèrement agacé. C’est bon, il avait fait son boulot, maintenant il pouvait retourner à ses occupations de palefrenier, ou peu importe.

-Il est de bonne humeur, Luzo!

-J’avais remarqué. Lâcha Jakob en lui adressant son plus beau sourire forcé, passant les rênes par-dessus la tête de sa monture.

Il s’accrocha à la selle de cuir noir fixée au dos du dragon et se hissa d’un bond dessus, rênes en main et pouvant ainsi stopper Luzo dans ses ardeurs qui, dans son entrain matinal, prenait le moindre mouvement pour un signal de départ. Impossible de le garder immobile plus que deux secondes d’affilée. Autant il se montrait attentif aux directives de Jakob, autant Luzo profitait du moindre détail qu’il pouvait capter chez l’autre pour faire quelques pas de course. Ulwarth s’était écarté, rejoignant les organisateurs du départ et, les bras croisés, regardait d’un œil amusé Luzo parader sur la piste. Quel drôle de duo…

Nox et Even s’envolèrent et, apercevant le dragon vert dans les airs, Luzo se fit de plus en plus impatient, tournant frénétiquement sa tête vers Jakob et piétinant nerveusement sur place, rouvrant et refermant ses ailes.

-Ça va… ça va…marmonna le dragonnier.

Il se pencha alors sur l’encolure du dragon et il n’en fallut pas plus pour que ce dernier s’active. Le museau pointé vers l’avant, les ailes repliées de chaque côté de son corps, il s’élança sur la piste pour finalement se jeter dans le vide, ailes déployées.
Cette impression de tomber dans le néant le surprenait à chaque fois. Jakob, pour la première fois de la journée, esquissa un fin sourire. Fallait-il vraiment se poser un jour? Il s’en serait allé infiniment dans ce vide bleu, sans jamais reposer pied à terre. Et lorsque les forces n’y seraient plus, alors il se laisserait tomber dans le vide pour une chute sans fin.
Des cris de mouettes le sortir de ses pensées. Les volatiles aux cris stridents venaient saluer leur compagnon écaillé qui, à son tour, les salua bien chaleureusement, semant le feu au derrière de l’un d’eux par excès d’affection… Elles lancèrent quelques derniers cris et dévièrent leur trajectoire, ne devenant plus au loin qu’une bande de contours fessiers mouvants, (conneries d’ivrognes, hein?) un peu comme ces montagnes voisines… s’avérant en vérité des géants accroupis et dénudés cueillant des légumes, des petits hommes, quoi…
Jakob secoua vivement sa tête. Selenielle, la forêt d’Antu-Di, Even devant, les autres dragonniers tout près, une mission, des dangers, Luzo.
Se penchant un peu plus sur la nuque du dragon, Jak lui tapota le haut de l’épaule droite, ce qui en fait signifiait quelque chose comme…

-Surveille ta droite, Luzo.

Ne sait-on jamais.

[que tous les deux? O.O c'est que t'es chanceuse, hein... xD]