Un vol...dangereux

Cette journée d'été était magnifique, le soleil haut dans le ciel illuminait les occupants de ce monde de doux rayons, offrant également sa chaleur après la nuit fraîche. Le ciel, d'un bleu azur, était parsemé de quelques cumulus humilis, les nuages dit " de beau temps ". Une brise légère soufflait sur la ville, et ses alentours, faisant bruire les feuilles des arbres, faisant frémir les brins d'herbes et les fleurs, et surtout, qui rendait l'air plus respirable. C'était donc une journée idéale pour aller travailler dans les champs, faire de longues ballades avec ses amis ou...prendre la stratosphère et la troposphère comme pistes de course...

Un cri déchira le ciel, brisant le silence si reposant de la nature. Un cri terrifiant, caverneux, provenant de l'ouest...mais personne ne pouvait situer exactement son origine, jusqu'au moment où la bête apparut. Elle avait traversé un nuage à vive allure, et l'on pouvait enfin voir ses contours nettement. C'était un dragon, noir, majestueux et puissant, chevauché par un homme à la carrure plutôt imposante, malgré les contours juvénile de son visage. Les deux êtres n'avaient l'air de ne former plus qu'un. Leurs mouvements étaient si parfaitement harmonisés que l'on pouvait croire qu'ils répétaient un numéro fait et refait. Cependant, ce n'était pas le cas, et ils en étaient loin. Le cavalier et sa monture s'entraînaient juste, ils voulaient être prêts, parfaitement au point, leur raid n'allant pas tarder à partir, dans quelques jours, tout au plus.
Leurs figures étaient impressionnantes, pourtant, très ordinaires, car tout dragonnier de ce nom devait les savoir sur le bout de ses doigts.

L'entraînement paraissait se dérouler à merveille, jusqu'au moment où Athön, tel était le nom de la créature mythologie, semblait ne plus vouloir répondre aux ordres de son chevauchant, Alandy. Il fonçait droit sur une prairie_ dénudés d'arbres, seul l'herbe grasse et les dernières fleurs de l'été recouvraient cette grande étendue_ sans ralentir, ce qui était très dangereux, mortel même. Un dragon, pour atterrir en toute sécurité, ne doit pas dépasser une certaine vitesse, et, même un débutant pouvait comprendre que, là, la bête volait beaucoup, beaucoup trop vite. Le jeune adulte semblait se battre avec les rênes pour faire entendre raison à sa monture. Mais le sol se rapprochait....toujours plus....Que voulait donc le reptile volant ? Il savait, par son instinct animal et son intelligence, qu'ils allaient se cracher, alors, pourquoi faire cela ? A vrai dire, cela restera un mystère, car quelques mètres avant l'instant critique, Athön se redressa, frôlant l'humus de ses griffes.

Il se posa ensuite, lourdement, au moins 10 mètres plus loin, sur un petit monticule, laissant la possibilité à son cavalier de descendre. Celui-ci ne se fit pas prier, et posa pied à terre. Foudroyant du regard sa monture, il marmonna quelques jurons dans sa barbe, inaudibles, contre ce " satané dragon qui n'écoute jamais ce qu'on lui dit ". Immobile, ce dernier était beaucoup plus impressionnant, pompeux, étant fièrement dressé sur ses quatre pattes, les ailes soigneusement repliées le long de son corps, qui luisait sous le soleil. Son regard mordoré, menaçant, presque meurtrier, se plongeait, sans la moindre retenu, dans les bleus azurs de son maître.

-tu oses me tenir tête ? Après ce que tu viens de me faire ?

Fronçant ses sourcils, son poing se ferma…que pouvait-il faire contre un dragon de 7 mètres de hauteur ? Poussant un soupir de mécontentement, il lâcha les rênes d’un geste vif, laissant le choix à l’animal mythique de partir ou non. Lui, il s’éloigna de quelques pas, s’allongea dans l’herbe grasse, mit ses mains derrière sa tête, avant de fermer les yeux, essayant tant bien que mal de se calmer.

*Maudit dragon*

Ce dernier observa son cavalier s’énerver, sans bouger d’une écaille…peut être avait-il eu ce qu’il voulait ? En tout cas, il ne fit que s’allonger, posant son imposante gueule sur ses pattes, attendant bien sagement, cette fois-ci.

Une flèche d'argent pure zébra le ciel un instant, avant de disparaître dans un nuage. La jeune femme replia son bras contre son front, afin de protéger son visage des gouttelettes d'humidités qui s'accrochait à elle et son compagnon ailé. Urulòkë secoua la tête en émergeant de la bruine. Son regard reptilien ne craignait absolument pas le changement de luminosité, mais la soudaine chaleur sur ses écailles lui plaisait énormément.

Naulë soupira. A partir du moment où sa monture avait commencé à faire le clown, elle avait su qu'ils ne parviendraient pas à rattraper leur proie. Une fois encore, elle avait raison. Depuis qu'ils avaient émergés des volutes blanches, elle ne parvenait pas à retrouver la trace du grand Goundor. Il était blessé, et ce serait dommage qu'il nourrisse les créatures de la surface... Mais non, définitivement non, il ne devait pas être si mal en point puisqu'il avait réussi à échapper à un dragon.
Ledit dragon semblait se ficher du Goundor comme de sa première dent. Il avait l'estomac plein, et les arches en abattaient suffisamment pour qu'un de plus ou de moins ne change pas la donne.

Urulòkë battit doucement des ailes, s'élevant dans les airs en toute délicatesse. Les dragons ont besoin de beaucoup moins d'oxygène que les humains, mais le reptile sentit parfaitement que sa cavalière commençait à aller mal. La guerrière ne disait rien, fixant simplement les alentours d'un regard vif.
Bien évidemment, à cette altitude, ils ne risquaient pas grand chose, mais la prudence est une vertu. Quoi que dans le cas de Naulë, on parle plus de méfiance totale que de prudence…

S’estimant suffisamment haut, la dragonnière se pencha sur sa selle, murmurant quelques mots à sa monture. Elle ne parlait pas très fort, ni cri, ni murmure, mais l’animal sembla parfaitement comprendre ce qu’elle lui demandait.
La créature resta un instant immobile, planant sans un mouvement. Durant ce bref laps de temps, la femme se rassit correctement sur la pièce de cuir, prête à résister au choc qui s’annonçait.
Sans que rien ne le laisse présager, le dragon replia ses longues ailes membraneuses contre son corps, plongeant verticalement vers le sol si lointain. Naulë s’était plaquée en arrière, les mains tenant fermement les rênes de sa monture. Il était inutile de chercher à résister à la formidable pression de l’air, surtout à cette vitesse.
Le regard lavande de la demoiselle était dirigé vers le bas, aussi bien sur son dragon que sur la surface qui se rapprochait à une vitesse vertigineuse.

L’humaine avait une confiance totale en son compagnon ailé, mais elle-même savait qu’il lui arrivait d’être imprudent. Les regrets seraient un peu inutiles si l’animal parvenait à les faire s’écraser sur Ene, aussi tira-elle soudainement sur les rênes, obligeant Urulòkë à reprendre une assiette plus… horizontale. L’écailleux rouvrit ses ailes à approximativement cinq mètres du sol, décapitant un ou deux arbres au passage. Naulë soupira. Ils avaient failli percuter le dôme du parc couvert, et le reptile ne semblait pas vouloir se poser tout de suite.

Pendant un instant, on put croire que le dragon allait essayer de voler sous la cité flottante. Pendant ce bref, ce si petit instant, la silhouette de la femme et de sa monture se détacha nettement sur l’astre solaire, et l’animal plongea une nouvelle fois.
Parallèle au sol, ses serres tracèrent un large sillon dans la terre, alors qu’il planait sur une dizaine de mètres pour se poser.
La femme ne fit pas un geste alors qu’il repliait les fines membranes de peau contre son corps. C’est uniquement lorsque la longue tête du dragon lissa à coups de langue ses ailes qu’elle descendit de sa selle.

C’était dit calmement, sans rancœur ni colère, et uniquement destiné à Urulòkë. Bestiole est le surnom qu’elle lui avait collé depuis qu’ils étaient ensemble.
L’animal l’ignorât poliment, jugeant inutile d’essayer de se défendre. Sa cavalière lui reprochait simplement de s’épuiser alors qu’il y aurait bientôt des raids.

Naulë descendit calmement du dos de sa monture, laissant les rênes sur le pommeau de la selle, sans risque qu’Urulòkë se prenne les pattes dedans. Elle flatta doucement le museau du reptile avant de s’étirer comme un chat.
Un TRES grand chat.
Avec de TRES grandes dents… enfin, lames.
Et un TRES mauvais caractère.

( Et on sent que la narratrice a du mal x) Ayez pitié de moi )

Elle n’avait pas remarqué la présence d’Alandy et son dragon, vingt mètres plus loin. Bon, à sa décharge, nous pouvons souligner qu’un très grand dragon blanc s’était mis précisément entre sa maîtresse et les deux inconnus. Urulòkë s’ébroua et leva la tête… Pour aller s’empiffrer des baies rouge orangé qui poussait dans l’un des buissons juste au dessus.

« O.o’ Bestiole, es-tu au courant du fait que tu es un carnivore ? »

* Parce que là, j’ai comme des doutes… *

Le reptile abaissa son mufle jusqu’à elle, quelques feuilles encore posées sur son chanfrein. La jeune femme eut un fugitif sourire puis alla s’asseoir un peu plus loin, sur une souche. L’animal s’allongea près de sa dragonnière, son beau regard d’argent posé sur elle, alors qu’elle s’occupait à aiguiser son épée.

( Aïe, aïe, aïe T.T J’ai honte… Navrée Clairounette, mais c’est vraiment, vraiment nul… )