Mélancolie...

Le soleil commençait à se voiler derrière l'horizon légèrement embrumé quand Ithildrin était venue se balader dans une partie du parc. La coupole filtrait les derniers rayons de l'astre du jour.
Elle était venue s'assoier au bord de la petite rivière qui traversait tout le parc de verdure. L'eau chantonnait tranquillement en s'écoulant vers sa destinée. La jeune femme en regardait les rides que formaient son écoulement. C'était comme chez elle, quand elle habitaient encore en bas, à l'époque où elle avait eu une enfance heureuse... Maintenant, elle habitait ici et les grands espaces, malgré sa bonne adaptation à la ville d'Ene, lui manquaient.
Certes elle avait intégré les dragonniers, mais elle n'était pas encore tellement une chevaucheuse de dragon. Elle n'avait encore jamais volé et ne connaissait donc pas les sensations aériennes que relataient les autres dragonniers.
Courir dans les champs avec ses amis, travailler dans les champs avec son père... Tout cela était loin, mais lui manquaient tant.... surtout son père, qui étéit morte pour lui sauver la vie... Qu'elle aurait voulu le sauver....

Sha se promenait aussi dans le parc, elle aimait cet endroit qui la rapprochait le plus de ce qu'elle avait connu avant et lui permettait de ne pas trop voir de monde. Et parfois elle apercevait l'ombre d'un des grands volants, comme elle les nommait. Mais aujourd'hui, la ville était bruyante, on racontait que ceux qui étaient parti pour l'expédition en bas n'étaient toujours pas revenus.

La jeune fille s'assit au pied d'un arbre, regrettant sa solitude, ici les animaux restaient relativement rare, et bien qu'auparavant, elle possédait un chat, celui-ci avant disparu quand la ville s'était envolé, peut-être était-il comme elle perdue au milieu des méandres de la cité des nuages, peut-être était-il mort en bas. Son regard cendre se voila à cette pensée, et elle retomba dans de moroses souvenirs. Le regard mort du maitre du ciel revenait la hanter.

Pourquoi n'était-elle pas intervenue, avant qu'on ne le tue ? Les larmes se mirent à couler silencieusement sur ses joues, et elle ramena ses genoux contre sa poitrine dans sa robe de bure marron pour cacher sa peine aux oiseaux, sans se rendre compte qu'il y avait quelqu'un tout prêt...

Ithildrin obervait toujours l'eau s'écoulant le long de la rive légèrement sableuse. Le fredonnement cristallin finissait par la plonger dans une sorte de sérénité. Pourquoi le monde ne l'était-il pas à l'image de cette rivière, sans violence et sans contrainte du temps, se souciant pas du lendemain et menant sa vie dans le paisible et le calme.
Elle soupira... La guerre qui avait opposé les dieux avaient fait ses dommages... Dans un sens, elle était en vie... Mais quelles avaient les conditions nécessaires pour sa survie ?
Elle allait fermer les yeux quand elle entendit un sanglot à peine perceptible. Elle se retourna et remarqua qu'elle n'était pas seule...Elle lui fit un sourire timide

Lajjili était si pleine d’allant, comme à son habitude d’ailleurs. Tout l’inspirait. Et jamais elle n’avait été si près de comprendre la secrète alchimie qui liait le brin d’herbe au doux zéphyr.
Pourtant, il y avait une personne que cette atmosphère étrange semblait attrister. Des larmes coulaient, marquant se joues d’un sillon brillant.

Et Lajjili ne supportait pas les larmes. Parce que ça la renvoyait à son propre déchirement. Alors elle s’approchât, doucement, et s’accroupit devant la jeune fille. Elle lui prit la main, et se mit à fredonner.

-« gumsum gup-chup
halchal kho gai teri honth hain tere chup
khalbal kho gai teri baithi hai tu chup
pyaare chehare ne par de diya ishaara
dekha teri aankhon ne hai sapna koi pyaara*.. »

c’était une mélopée douce, aux notes simples, et dont les paroles pouvaient se répéter à l’infini. C’était la chanson que lui chantait sa mère lorsqu’elle était triste.
Quelle que soient la langue, quelle que soit la mélodie, quelles que soient les paroles, ce langage là était universel. Il se suffisait à lui-même, et n’appartenait pas aux lèvres qui le lâchaient, mais au cœur qui le recevait.

Lajjili passa un de ses doigts effilés sur la joue de la madeleine, souriante.

-« Tu vois, ça… »

Le soleil faisait resplendir la larme recueillie.

-« Ca prouve que tu es vivante…alors, rit, je t’en prie ! »

Lajjili levât la main vers le ciel, les doigts écartés, et éclatât de rire. Voilà que les arabesques qui ornaient sa main droite venaient de lui rappeler une chose essentielle.

-« Jaa Apne Daaman Ko Phoolon Se Tu Bhar Le ! Jeena Hai To Jiye Marna Hai To Marle** ! Comme quoi, certains enseignements font bien de rester gravés dans notre peau ! Va , mets des fleurs à ton vêtement ! Si tu dois vivre alors vis, si tu dois mourir alors meurs ! »

Se retournant brusquement, elle s'apperçut qu'une autre personne était présente. Cemme elle souriait timidement, Lajjili lui envoyât son plus éclatant sourire.

(Hj : bon, j'me suis lachée, là...merci à Jas pour les traductions !
*perdu dans ses pensées et silencieuse
as perdu ton allégresse, tes lèvres sont silencieuses
tu as perdu ton entrain, tu es assise silencieuse
mais ton joli visage envoie des signes ( il t’as trahi)
tes yeux ont vu un beau rêve

**Va , mets des fleurs à ton vêtement ! Si tu dois vivre alors vis, si tu dois mourir alors meurs !)

Là où elle avait cherché de la solitude, elle y trouvait maintenant du monde... Elle écouta avec attention les paroles chantées par la nouvelle personne qui arrivait.
Elle ne l'avait pas remarqué de suite, s'étant dirigé vers la personne à l'origine des sanglots... Son chanson se mélait merveilleusement au timbre cristallin de la rivière. Bizarrement, en l'écoutant, elle se sentit plus heureuse. Son coeur battait plus joyeusement. Il est vrai que la vie était belle après tout et qu'il ne fallait pas la voir noire tous les jours.
Elle vit que cette dernière lui fit un large sourire... Elle lui fit un mouvement de main accueillant

L'enfant silencieuse releva la tête en entendant les paroles d'une chanson dans une langue qu'elle ne comprenait pas. Mais peu importe, la musique semblait apaiser ses pleurs, elle prit alors le temps d'observer celle qui chantait.
Pour ne pas voir grand chose qu'une cape d'un rouge sombre rabattue sur son visage, qu'elle devinait fendue d'un sourire. La chanteuse s'approcha d'elle, et lui vola sa larme, qu'elle sembla offrir au soleil qui se mirra à l'intérieur, de cette perle de pure transparence.

Puis son regard de cendre se posa sur l'autre jeune fille qui souriait doucement. Comme si le malheur n'existait pas dans la cité des cieux, cette image amena un sourire timide sur les lèvres de la jeune enfant. Elle se perdit dans la douceur de la voix de la conteuse. Le monde tel qu'elle le décrivait était beau, plein de couleur, emplie d'une paix, tout comme cette rivière tranquille qui coulait doucement près d'eux.

L'image du dragon s'estompa dans son esprit, retournant se tapir dans l'ombre de ses songes. Elle attendit qu'il parle, ne pouvant participer que si les deux jeunes femmes veuillaient bien prendre la peine de lire, mais pour le moment, elle ferait comme si elle était très timide. Et peut-être qu'un jour, elle trouverait sa place dans ce monde d'ombre aux lumières changeantes.

Sa tenue très simple lui convenait parfaitement, elle ne voyait pas l'intérêt de se vêtir de tissus affriolant, et c'était aussi pour ne pas trop attirer l'attention sur elle. Pour le moment, elle observait encore la conteuse, cette dernière semblait entourer d'un mystère que Sha aimerait un jour percer. La jeune muette se sentait attirer par celle qui avait tant de facilité à parler, jouer avec les mots, virevolter sur les sons, lier les mots en une beauté facinante.

La tristesse de son coeur s'était envolée. Elle en étit même heureuse. Elle décida de faire le pas en avant et srtout nécessaire pour faire connaissance.
Elle se releva en douceur de son assise de verdure. Les souvenirsen vinrent en même temps, des premiers mois où elle avait commencé à réapprendre à vivre, dans la cité volante... elle n'avait jamais été aussi seule... Les gens des villes avaient une façon bien différente de penser... Elle s'était même demander si un jour elle s'en habituerait. Avec le temps, elle avait appris à s'en accommoder, mais elle côtoyait que peu de monde et elle n'avait pas de véritables amies...
Maintenant la situation allait changer. Elle allait devenir dragonnière et elle serait vu autrement... plus comme la petite paysanne qui travaillait dans les champs, mais comme une femme se dévouant pour le bien de la Ville d'Ene...Pour le moment...

Sa tunique de cuir léger craquait en douceur quand elle se mit totalement debout et s rapprocha doucement des deux autres personnes

"Je vous prie de m'escuser si je vous ai dérangé dans votre quiètude... je pensais être seule dans ce recoin de verdure"

Lajjili éclata de rire. Elle avait levé la tête vers la nouvelle venue, et la regardait malicieusement.

-« Vous pensiez être seule ? Mais ce parc est magnifique ! Comment n’attirerait-il pas nombre de gens ? »

Lajjili retourna la tête vers celle qu’elle avait tenté de réconforter, et quelques secondes parut moins gaie.

-« Qu’y a-t-il donc ? Mes mots t’ont-ils ôtés les tiens ? Je ne voudrais pas qu’une telle chose arrive ! »

Elle s’affolait sans doute pour rien, mais Lajjili avait ce défaut : les gens mutiques l’effrayaient. C’était sans doute stupide, mais elle n’arrivait pas à concevoir qu’un être se prive volontairement du plaisir de parler. S’en était même incroyablement superficiel comme comportement, mais Lajjili aimait s’écouter parler, c’était ainsi. Parce qu’elle sortait d’elle-même, parce qu’elle devenait une autre. En quelque sorte, elle écoutait une étrangère.

Sha les observait parler, chacune leur tour. S'étonnant toujours du son que pouvait provenir une voix humaine, de la diversitié d'émotion qu'elle pouvait véhiculer. Tellement habitué au silence de son temple de verdure, qu'elle en avait presque oublié les autres habitants de la cité des cieux. Son imagination voguait sur leur mot comme un bateau sur l'océan, qu'elle ne connaissait pas, mais dont elle avait vu une image dans un livre, quand elle était enfant. Un beau bateau tout en bois clair qui naviguait sur une mer d'un bleu aussi clair que le ciel.

La jeune femme vêtue de rouge lui posa une question, mais même si elle avait voulu répondre, la jeune muette n'aurait pas pu son carnet de paroles était resté dans sa chambre à l'auberge. Elle ne pouvait donc définitivement pas parlé, juste se nourrir de la vie des mots, qui semblaient trouver en elle un réceptacle parfait, silencieux et avide d'en entendre plus.

La jeune Kestal continua simplement d'être elle même, une sorte de fantome qui traversait les âges, depuis la mort du grand dragon. Son regard se voila un instant comme toujours quand elle pensait à lui, avant qu'elle ne parvienne à retrouver la bonne humeur communicative de la conteuse rouge.

Ithildrin cilla un peu avec honte. Oui, la persnne en rouge affirmait une vérité pure. Le parc était ouvert à tous et bien d'autres personnes étaient aussi libre qu'elle pour venir flâner et se reposer au sein du parc plein de verdure. Le dôme commençait à prendre une lumière orangée dorée par les rayons couchants du soleil

"Oui vous avez raison. Sans doute est-ce mes pensées qui me plongeaient trop dans une sorte de solitude"

Elle ne put s'empêcher de sourire quand elle entendit le rire. Il étit communicatif et faillit suivre le même sentiment de joie. Puis elle écouta son interlocutrice parla à la seconde personne. Ithildin y vit un court instant le regard de cette dernière se voiler. De tristes pensées ? Elle-même en avait bien eues. Puis une idée futile lui vint en tête.

"Une chose que d'habitude je fais quand je rencontre de nouvelles personnes.... Je me nomme Ithildrin"