Nienor

(Je le dis tout de suite : ce n'est pas une tentative de suicide et j'ai bien pris connaissance de son caractère ^^')

L'air mélancolique, Morannûn marchait lentement dans l'allée principale, regardant les différents dragons comme si il en cherchait un qui ai un petit quelque chose de magnétique... Il passa devant une mignonne petite dragonne aux écailles couleur d'aurore, lui caressa la tête mais ne s'attarda guère plus, puis devant un superbe animal brun à l'air fier. Tout d'un coup, 'Nûn stoppa sa marche et observa un très long moment le dragon. Cette bête là avait un magnétisme, un air glorieux qui le séduisaient et lui parlaient au plus profond de son être. Mais il ne prendrait pas de décisions hâtives, il irait d'abord voir les autres animaux avant de se décider. Aussi le jeune homme aux cheveux blancs se remit en route...

Bruquement, il stoppa une fois de plus sa marche lente comme stoppé par un mur. Tapi au fond d'une place, le regard brûlant d'une douleur contenue, un dragon aux écailles d'un noir mat observait Morannûn. Et ce même regard vennait de "parler" à l'humain. peut être parcequ'il exprimait une souffrance à peine dissimulée, ou peut être parceque le magnétisme qu'il attendait se dégageait de cet animal...

".... Là.... Je crois que je l'ai..."

Son regard ocre rouge fixé dans celui, couleur feu, du dragon, Morannûn s'approcha de Nienor avec circonspection. Cela sautait aux yeux, cet animal portait en lui un fardeau sûrement trop lourd pour ses épaules, et il fallait être prudent afin d'éviter de trop le brusquer.
Finalement, Morannûn arrêta son geste à quelques pas de l'animal, et s'assit par terre. Pendant tout ce temps, Nienor n'avait cessé de le fixer, l'air agressif mais très digne, et le jeune homme ne put s'empécher d'admirer la noblesse du dragon. Son regard courait sur les écailles, l'air majestueux, les serres puissantes de l'être face à lui, tandis qu'il restait assis à même le sol sans bouger ni parler, juste à penser.

Lavinia flânait pensivement entre les stalles, le regard flottant sur les dragons de chaque box présent. Elle attendait en réalité une nouvelle recrue dans l'Ordre des Dragonniers qui se prénommait Morannûn et qui devait venir aujourd'hui même choisir un dragon. La jeune femme l'attendait donc patiemment, ne voulant pas être en retard comme beaucoup d'autres fois. Si on lui avait demandé de remplacer quelques temps la Commandante d'expédition ce n'était pas pour bâcler son travail ni pour partager des gazouillis avec les plus affectueux dragons.
D'ailleurs, un joli mâle l'avait tapé dans l'oeil quelques secondes auparavant et elle s'était arrêtée devant son box. Il avait un doux regard de braise et des écailles scintillantes qui ornaient son corps robuste. Il se tourna un instant sur le côté, dans même l'avoir vu ni regardé, puis jeta un jet léger de flamme à son compagnon d'une autre stalle, qui ne lui avait rien demandé. Ce dernier gronda d'un murmure rauque et continu, éparpillant sur la porte de sa stalle une magnifique bordure de glace.
Feu contre Glace, était-ce équitable ?
Oui, de même que la foudre.

Lavinia secoua la tête devant ces deux gamins qui continuaient à se chamailler en s'envoyant des attaques ripostées et des grondements de défense. La jeune femme siffla légèrement et les deux dragons posèrent leur regard de perle sur elle, puis se cherchèrent de nouveau.
Pas le temps de s'en occupé, un palfrenier viendrait les séparer. Il était temps pour Lavinia d'aller voir si Morannûn était arrivé.
Elle longea le couloir, et au détour d'un autre, elle vit une silhouette masculine se détacher des stalles. Il était assis, pensif, devant la stalle d'un dragon noir de jais.
La jeune femme ne s'avança pas immédiatement, ne voulant pas déranger trop brusquement le jeune homme.
Mais ses pas sur le plancher de dalles se fit entendre, évidemment, des talons, même minuscules...
La jeune femme s'arrêta à quelques petits mètres. Le regard furieux du dragon était aussi scintillant qu'une paire de rubis posés sur un tableau noir et majestueux.
La jeune femme contempla ainsi quelques secondes le dragon ténébreux, sachant que Morannûn l'entendrait et finirait par se retourner.

Il était bien là, assis au sol, face au grand animal. Petit à petit, Morannûn parvenait à faire abstraction des bruits alentours, des odeurs, pour ne plus faire qu'observer Nienor. Il arrivait maintenant à distinguer certaine écailles différentes des autres, certaines petites cicatrices sur le corps du dragon, et il se rendait encore mieux compte de la souffrance qu'il ressentait. C'était quelque chose de brûlant, qui consumait son regard, et le jeune homme à la peau mate aurait bien aimé savoir ce qui avait pû marquer l'animal à ce point. Malheureusement, il ne pourrait jamais le savoir... Les dragons ne parlaient pas, et les questions de 'Nûn resteraient très probablement sans réponses jusqu'à ce qu'il trouve une personne ayant connu le dragon couleur jais avant lui.

Brusquement, il releva la tête. Du fond de sa concentration, il avait entendu le bruit mat d'un talon claquant sur les dalles, et il tenait à savoir qui était la personne qui arrivait... En voyant la jeune femme, un air d'incompréhension la plus totale passa dans ses yeux, avant qu'il ne fronce les sourcils en songeant à cette compagnie non désirée. Tactiturne, le Morannûn ? Si peu...
Heureusement pour Lavinia, il avait aussi le sens de la politesse, et il se leva souplement avant de la saluer d'un léger mouvement de la tête, faisant par la même voleter ses cheveux couleur de neige.
A vrai dire, il ne savait pas vraiment qui était cette femme qui le génait un peu, et il n'osa prononcer la moidre parole, de peur de la vexer ou de faire une ânerie, et il retourna à sa contemplation du dragon noir.

Finalement, aiguilloné par sa curiosité et son envie de mieux connaitre l'animal, il se retourna vers la femme.

"Excusez moi de vous le demander aussi abruptement, madame, mais est ce que vous connaissez le nom de ce dragon ? C'est qu'il m'interesse..."

Se rendant soudain compte qu'il ne s'était pas présenté, Morannûn rougit et bredouilla quelques mots, avant de s'arrêter et de se calmer un bon coup en respirant. Il n'était vraiment pas doué question relations humaines....

"Désolé... Je ne me suis pas présenté... Je m'apelle Morannûn, et je suis ici pour choisir 'mon' dragon."

Lavinia, comme elle l'avait logiquement prévu, s'était fait remarquée par le jeune homme. Ce dernier avait brusquement relever la tête, il devait sans doute être concentré sur le dragon. Il étaient venu plusieurs types de futurs dragonniers aux écuries : il y avait beaucoup de dragonniers qui semblaient avoir eu un coup de foudre soudain pour leur monture, d'autre qui semblaient pouvoir rester des heures à contempler un dragon pour finalement en choisir un autre. Ou finalement, rester sur leur première position.

La jeune femme était restée silencieuse et ne s'étant nullement présentée, aurait pu paraître intriguante, à demeurer plantée sur le carrelage dallé de l'écurie, observant d'un oeil fixe et dur le dragon noir de jais.
Quand le jeune Morannûn se tourna vers elle et lui adressa la parole, elle sourit légèrement, et s'avança vers lui, semblant plus ouverte et abandonnant quelques secondes son dur masque de pharaon qui lui donnait un air totalement froid et distant. Toutefois, elle ne pouvait jamais réellement le délaisser puisque c'était dans sa nature...

D'un geste vague, elle hocha la tête, sondant toujours le regard froid et mystérieux du dragon au yeux de braise.

- Enchantée Morannûn. Je suis Lavinia, responsable quelques temps des dragons et nouvelles recrues de Dragonniers, se présenta-t-elle vaguement.
Elle n'avait pas besoin de se présenter en détail et le strict minimum suffirait le temps qu'ils seraient aux écuries.

- Oui, ce dragon s'appelle Nienor... Celà signifie Deuil, dans un langage Elfique. C'est un très beau dragon qui a besoin de reconstuire une nouvelle vie pour de nouveaux et glorieux combats...

Les paroles de la jeune femme auraient pu paraître d'un mélodrame abusé mais elle pesait ses mots, ayant une affection bien particulière pour les dragons de ce type. Distant, froid, arrogant, mystiques mais quelque part, souffrant. Les yeux rubis d'un rouge de braise fixaient les deux jeunes gens avec une lueur que Lavinia ne pu décrire. Il était tout simplement magnifique.

- Il faut bien le connaître pour l'aimer. Ceci pourra peut-être vous aider.

La jeune femme aux yeux azur designa une feuille de papier froissé punaisée près du box du dragon. Tout était décrit en détail : pouvoir, capacités, point fort, tempérament.
Si le magnetisme attachant et si puissant du dragon avait attiré le jeune homme, le caractère, aussi dur soit-il du dragon ne pourrait plus le repousser.

"Deuil ?"

Peut être que ce nom sonnait comme un rappel de ce que le dragon avait vécu. Peut être que cela pourrait aider Morannûn à comprendre ce qui était arrivé pour qu'une bête aussi splendide ait tant de peine au fond des yeux... Pensif, le jeune homme dirigea son regard ocre sur le petit papier punaisé et il lut attentivement la description de l'animal dont il voulait faire son dragon.
Visiblement, c'était un animal difficile, différent des autres. Morannûn fronça les sourcils comme pour réflechir, pesant le pour et le contre. Il n'était pas sûr de pouvoir maîtriser un tel animal mais...

Nienor le regardait de ses yeux froids et rouges, l'air méprisant. Prenant brusquement une décision, Morannûn serra le poing et lâcha le papier du regard pour se tourner vers Lavinia, son regard plein d'une détermination sans faille. Quoi qu'il arrive, il resterait avec Nienor, jusqu'à ce qu'il puisse avoir un regard apaisé.

"Je pense que je vais garder ma première idée, et son caractère n'y changera rien. Si vous l'acceptez, et si vous m'en pensez capable, j'aimerais prendre Nienor. Au moins jusqu'à ce qu'il soit apaisé, plus si il me supporte plus."

C'était un engagement formel que venait de prendre 'Nûn, et il ne risquait plus de changer d'avis maintenant. Qu'il le veuille ou non, Nienor aurait Morannûn sur le dos, et le jeune homme tenterait de faire son possible pour ôter le poid qui le terrassait des épaules du dragon. A la vie à la mort ?